Parents allemands en prison : témoignage de Mathias Ebert fondateur de « Besorgte Eltern »

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Ce témoignage est extrait du discours de Mathias Ebert lors de la manifestation de Cologne du 18 janvier 2014 :

 

« J’ai dans les mains le communiqué de presse de la cour d’appel de Hamm du 26 août 2013 qui traite d’une décision judiciaire à l’encontre des parents d’un garçon de la région de Warendorf. Je cite : « Scolarisée à l’âge de sept ans dans l’école primaire locale, le garçon a manqué quarante jours d’école… Dans les années qui suivirent, l’enfant a fréquenté deux autres écoles primaires dans lesquelles il n’est resté que quelques jours ». Dans la décision, il est écrit : « les parents refusèrent d’envoyer le garçon à l’école contre sa volonté ». Après plusieurs tentatives vaines des autorités pour inciter le garçon à aller à l’école de son plein gré, l’affaire arriva devant la cour d’appel du Land qui ôta aux parents le droit de décision en matière de scolarisation et les obligea à faire en sorte que le garçon satisfasse à son obligation scolaire en motivant l’enfant à aller à l’école. Ici chose évidente, la non présence régulière à l’école a été sanctionnée bien que le garçon ait été absent de l’école pendant plusieurs semaines. Jugement remarquable : nous allons comprendre pourquoi tout se suite…  Je veux évoquer un deuxième cas qui s’est déroulé dans la même région et qui motive notre manifestation d’aujourd’hui. La petite Melitta Martens qui est aujourd’hui présente quitta le cours d’éducation sexuelle du primaire parce qu’elle n’était pas à l’aise avec ce sujet. Nous parlons bien de l’école primaire. Même la tentative du directeur de ramener l’enfant dans la classe échoua. L’enfant s’est alors farcie l’heure de cours dans la salle des professeurs. A la différence de l’autre cas, cette petite fille n’a jamais été absente un seul jour de l’école et a participé à tous les autres cours. Pour pouvoir comprendre le comportement de cette écolière, je souhaiterais citer rapidement le compte-rendu de la Westdeutsche Runfunk du 28 juin 2013. Il s’agit d’un incident semblable dans une école de Borken. Lors d’un cours d’éducation sexuelle en sixième classe, les enfants sont tombés en syncope rang par rang pendant qu’ils regardaient des images de parties sexuelles. Evidemment le médecin d’urgence a été appelé et l’un des enfants a dû être envoyé immédiatement à l’hôpital. Il est de fait également que personne n’a accusé les enfants et que toute l’Allemagne a eu pitié de cet enfant. Aucune suite donc contre les parents car ils n’étaient pas coupables que leurs enfants se soient sentis mal. Bien que Melitta Martens soit tenue à l’école pour travailleuse, dégourdie et engagée, le tribunal n’a fait montre d’aucune clémence. Après une deuxième heure manquée, le bras judiciaire a frappé sans merci. Les parents de Melitta refusant  de payer l’amende, il s’en suivit une accusation devant le tribunal puis la visite d’un huissier et finalement le renvoi de la procédure devant la cour d’appel du Land où les parents ne purent même pas se défendre eux-mêmes. Après un nouveau commandement de payer, on annonça à la famille Martens que pour eux on avait ordonné une peine de prison. Nous parlons ici de parents qui ont entre huit et neuf enfants ! Le père a déjà fait sa peine en prison. La mère qui était déjà fortement enceinte ne l’a pas fait, même si l’article 6 paragraphe 4 de la constitution allemande déclare que toute mère a droit à la défense et à la protection de la communauté. Cependant avec cette peine disproportionnée, l’affaire n’est pas terminée. En effet, l’amende est due et la famille Martens a d’autres enfants qui connaîtront la même situation. Comment est-il possible que pour les mêmes faits, il y aient deux traitements aussi différents : pour une heure manquée une amende et une peine de prison, pour une absence pendant plusieurs semaines des années durant l’obligation pour les parents d’envoyer désormais leur enfant régulièrement à l’école. Où est l’équité de la justice ? Avec cet exemple macabre, il ne s’agit pas d’un cas isolé. Depuis plusieurs années et dans le plus grand silence des médias, des parents dont les enfants ne suivaient pas les cours d’éducation sexuelle ont été emprisonnés bien que la constitution dans son article 6 paragraphe 2 donne à nous parents le droit exclusif sur l’éducation de nos enfants.  Je me demande alors qui sont ces juges qui délivrent de tels jugements et qui par ailleurs dorment tranquillement la nuit. Que se passe-t-il chez des professeurs qui sont tout miels pour des élèves absentéistes mais qui deviennent nerveux face à des objecteurs à l’éducation sexuelle ? Comment doit se sentir un policier qui doit exécuter un tel jugement au nom du peuple ? […] Voulons nous que l’on emprisonne des parents comme les Martens qui se préoccupent du bien de leurs enfants et qui contribuent à la croissance de notre pays ? Voulons-nous que la maman de huit enfants Luise Martens, par ailleurs bien enceinte, aille en prison parce qu’elle a agi dans le bien de ses enfants ? Alors que l’on nous laisse endosser ce NON jusqu’à ce que l’on nous prenne finalement au sérieux. Je souhaite exprimer notre solidarité avec la famille Martens et avec tous les parents qui ont dû faire l’expérience de cette injustice par rapport à leur propre amour. Je souhaite également leur promettre qu’en union avec eux nous ne nous tairons pas. La seule chose à faire est la mise en place d’une démystification généralisée de cet abus auprès de toute la population et la levée de nous tous car là le droit se transforme en injustice, la résistance est notre devoir  »

Mathias Ebert, fondateur du mouvement « Besorgte Eltern » (parents préoccupés)

Pour les germanophones, cette vidéo contient l’intégralité du discours ainsi que des vues sur la manifestation

 

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Publié dans : Europe, Témoignages