Objection de la conscience : libérons la parole

 Depuis quelques mois, les maires réfractaires et les débats juridiques relatifs à l’objection des officiers d’état civil ont légitimement focalisé notre attention, d’autant plus aisément que ces questions ont été (et sont toujours) d’une brûlante actualité. Cependant, aussi méritoires et exemplaires soient-ils, ces cas de résistance à une décision inique du législateur ne sont pas les seuls, loin de là. Depuis des années de nombreux concitoyens subissent les conséquences de leur fidélité à la justice et à leur conscience professionnelle, qu’ils paient au prix fort. Les sanctions professionnelles qui s’abattent sur ces femmes et ces hommes courageux demeurent peu connues du public, ou ne rencontrent que silence gêné ou indifférence. Pourtant, ces personnes ont besoin aujourd’hui de notre soutien, concret et efficace.

Mais comment peut-on envisager une prise en charge collective de l’objection si ces cas ne sont pas portés à la connaissance du public ? Il faut donc libérer la parole de ceux qui depuis des années se taisent faute de soutien ou de caisse de résonnance sérieuse. Il faut que leur voix soit entendue, et qu’ainsi les enjeux personnels de la résistance soient pleinement perçus. Que savez-vous par exemple des difficultés rencontrés par les étudiants en médecine ou en pharmacie durant leur stage ? Savez-vous que beaucoup de pharmaciens abandonnent leur métier en officine, ou s’en détournent avant même de l’exercer, conscients des graves cas de conscience qui ne manquent pas de se poser ? Comment une amélioration de la situation est-elle envisageable sans soutien collectif ?

Nous vous livrons  dans la rubrique « témoignage » un exemple de licenciement. Sachez que ce n’est pas le seul porté à notre connaissance, et que nous prenons en charge le soutien juridique de ces victimes des législations iniques, comme nous le faisons pour certains maires aujourd’hui. Voulez-vous aider ? Vous le pouvez déjà en participant au soutien juridique par l’effort financier. Ceux qui sont en première ligne ne doivent pas subir les conséquences matérielles de leur fidélité, en commençant déjà par les frais de justice. Ensuite, il importe aussi d’aider ces personnes à retrouver un emploi à salaire équivalent, si possible dans la même profession. C’est aussi votre tâche et le meilleur moyen de maintenir le courage des plus valeureux, en leur faisant comprendre que vous vous sentez concernés par leur situation.

Les professionnels doivent aussi se rencontrer, échanger leurs expériences. Il faut aussi que les citoyens écoutent les témoignages de tous ceux qui sont en première ligne et prennent des risques. Notre week-end de formation à Paris est fait pour cela.

Joël Hautebert

Publié dans : Edito