L’objection des parents en Espagne (3ème partie)

Fin de l’entretien avec Leonor Tamayo Colomina

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1ère partie ici

2ème partie ici

 

Voici le troisième et dernier volet de notre entretien avec Leonor Tamayo, coordinatrice de l’objection des parents en Espagne. Nous reviendrons prochainement sur cet entretien, à travers quelques analyses de fond et des propositions concrètes d’action.

Quels résultats avez-vous obtenus ?

Le premier résultat important obtenu a été la prise de conscience sociale du « pouvoir des sans-pouvoirs ». Nous pouvons changer les choses. Nous en sommes capables et cela vaut la peine. C’est la prise de conscience de la participation de la société comme devoir et comme véritable option de changement social, que nous avons obtenue grâce à l’exemple et à la montée au front d’une poignée de parents, qui ont servi d’exemple pour ouvrir ce chemin : le courage des parents et des élèves qui sont sortis de cours malgré les pressions, les menaces et les renvois ; les mères de famille qui ont organisé des conférences de presse, qui sont passées à la télévision avec beaucoup de naturel, confiantes et sûres de leur cause ; le don désintéressé de chaque minute de temps libre ; les pères et les mères de famille ordinaire qui donnèrent des conférences d’information à des centaines de personnes et qui discutèrent avec des politiciens de tout bord. Voilà notre plus grande victoire, celle dont nous sommes le plus fier, et qui nous assure que tout cela en valait la peine. Et ce sentiment qui a prévalu, qui a porté des fruits dans toute la société espagnole, c’est ce qui est aussi en train de se passer en France maintenant et que le monde entier regarde étonné. Il faut maintenir cela, ne pas se rendre, parce que nous sommes en train de changer le concept de société civile et que nous sommes en train de rééquilibrer la balance des pouvoirs. Ce ne sont plus seulement les pouvoirs publics et les media, non, c’est maintenant la société qui est une force importante que l’on ne peut plus ignorer.

Cette grande victoire a été renforcée en outre par le succès politique de notre combat. Le PP (partido popular) a inclus dans son programme électoral la suppression de l’UpC. Depuis qu’il a gagné les élections voilà maintenant un an et demi, il s’agit de l’unique promesse électorale de réforme sociale accomplie : le nouveau projet de loi d’éducation actuellement en cours de débat parlementaire, la LOMCE, a éliminé l’ EpC dans tous les cours, à la suite des paroles du ministre de l’éducation Jose Ignacio Wert : « 55000 objections, c’est beaucoup ». Le gouvernement en de nombreuses occasions a répété que l’EpC est un ensemble de disciplines idéologiques responsables d’un mal-être social important, et qu’il fallait les changer ou les supprimer en faveur de la liberté d’éducation et du droit des parents.

Evidemment, ces sept années de lutte ont offert à tous ceux qui y ont participé activement un apprentissage irremplaçable, la connaissance approfondie du savoir-faire dans la vie publique à tous les niveaux : parler en public, habileté et professionnalisme avec les moyens de communication, rapport avec les hommes politiques de tout niveau et de tout bord, maniement des outils informatiques et technologiques, d’Internet, coordination des actions (groupes et personnes), gestion du temps etc., un apprentissage qui requiert la théorie mais qui ne servirait à rien sans pratique.

Pour terminer, la dénonciation constante de l’idéologie de l’EpC dans tous les forums internationaux nous a ouvert les yeux sur la réalité européenne. Nous avons vu comment les décisions sont prises à Bruxelles. C’est là et dans les autres institutions européennes que se décide le futur économique, social et politique des nations. Nous avons vu que rien n’est fortuit, comment les combats se mènent de façon globale et simultanée, et qu’une victoire nationale est toujours une demi-victoire parce qu’à Bruxelles, à Strasbourg, apparaissent toujours des stratégies de destruction sociale à travers l’anéantissement de la famille (femme, identité féminine, maternité, mariage, famille) et la pression continuera. Nous avons démontré qu’il faut sortir de nos frontières et livrer bataille à un niveau global. La coordination internationale, la participation active et efficace dans les institutions et organismes internationaux est indispensable. Nous sommes nécessaires en Europe et dans le monde.

Quoiqu’il arrive lors de nos combats, soyons toujours conscients que nous avons déjà gagné. La victoire est de notre côté, mais il faut livrer bataille.

 

 

 

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