Témoignage inversé : pour comprendre pourquoi l’objection est odieuse à nos contemporains

Cela se passe au Canada.

« Je suis aussi furieuse que quand j’ai entendu la nouvelle pour la première fois il y a quelques jours. Un pharmacien travaillant pour une pharmacie Jean Coutu de Longueuil a refusé de vendre une « pilule du lendemain » à une jeune femme qui s’est présentée à son comptoir, invoquant des raisons de convictions religieuses personnelles pour refuser le service demandé. Quel culot !

 Nous reconnaissons tous le droit de ce brave homme de pratiquer la religion de son choix. Il peut être bouddhiste, musulman ou chrétien s’il le désire, mais dans ses fonctions de pharmacien, son rôle n’est pas de prêcher en faveur de sa religion préférée, mais bien de servir une clientèle qui n’a pas à subir l’effet de ses convictions religieuses personnelles.On a bien tenté de nous faire croire que la laïcité n’était qu’une affaire d’État et qu’il suffirait que les fonctionnaires et autres employés de l’État soient soumis à des règles plus strictes pour que tout le problème soit réglé. C’est fermer les yeux sur l’habitude des religions de s’infiltrer partout. Il faudra bien avoir le courage, un jour, de rouvrir ce dossier, car il est évident que si nous ne faisons rien, le problème ne va pas se régler tout seul. J’imagine qu’il n’y a pas que la pharmacie qui puisse être touchée.[…] je n’ai certainement pas besoin d’un pharmacien qui m’impose sa religion et à qui je n’aurais rien demandé d’autre que de faire son travail de pharmacien. La religion n’a pas sa place sur les lieux de travail, à la pharmacie comme dans les garderies ou les universités ou pire, en médecine. Qu’on pratique sa religion chez soi, ou dans les églises, ou à la mosquée, mais tout le reste est laïque.Mon intention n’est pas de relancer le débat sur le sujet de la laïcité, mais il faut réfléchir au défi que pose le vivre-ensemble en se respectant les uns les autres. Ça devrait être la fin du « Mon Dieu est plus fort que le tien ». Ça ne nous mènera nulle part. »

Lise Payette

http://www.ledevoir.com/politique/quebec/446972/le-pharmacien-et-sa-religion

Nos commentaires :

1. Pour ceux qui ne seraient pas encore convaincus, l’argument est toujours le même et méconnaît la question morale. Le pharmacien est une machine à délivrer des produits de santé et il ne saurait « imposer » ses convictions à d’autres.

2.  Invoquer des convictions religieuses est ici très malhabile car il coupe toute communication entre le professionnel et son patient. Il est donc impportant de se situer sur le terrain de la réalité naturelle et de conseiller le client sous cet angle strictement.

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