Thibaud Collin : logique des droits et clauses de conscience

A l’occasion des débats sur la fin de vie à l’Assemblée nationale, Thibaud Collin est interrogé par Atlantico sur l’euthanasie

Est-il possible de contrer les dérives qui accompagnent l’euthanasie légale dans les pays où elle existe ? Peut-elle rester une circonstance exceptionnelle ?

Arrêtons de jouer sur les mots. A partir du moment qu’une loi autorise un acte, cet acte est ipso facto perçu comme un droit et donc à terme elle impose un devoir correspondant. L’objection de conscience peut être invoquée mais à terme la pression sociale est souvent si forte que cette clause se rétrécie et finit pratiquement par être supprimée. Il y a une logique des lois, des comportements des mentalités. L’euthanasie est déjà présente dans la loi Veil puisqu’à tout moment de la grossesse il est dit que l’enfant à naître peut être tué en cas de détection de malformations graves. Et la raison pour invoquer ce qui est en fait un infanticide est que c’est pour le bien de l’enfant ! Argument que l’on retrouve dans la pratique euthanasique. L’enjeu de tout cela est spirituel. Quelle représentation notre civilisation se donne-t-elle de la mort ? La médicalisation de l’existence humaine dont les effets bénéfiques ne sont plus à démontrer a aussi des effets pervers, notamment la grande difficulté à reconnaître son impuissance. Or l’homme est toujours impuissant devant la mort et parfois devant la souffrance. L’idéologie sentimentaliste ne supporte plus la souffrance et elle refuse de consentir à l’impuissance. On prétend avoir une solution « médicale », en l’occurrence donner la mort de manière « propre ».

http://www.atlantico.fr/decryptage/pourquoi-euthanasie-est-malheureusement-qu-barbarie-douce-dans-laquelle-on-sombre-avec-meilleures-intentions-monde-thibaut-1965266.html#LY3WzZP78MUBPPi0.99
Publié dans : Actualités, Santé