Infirmière anesthésiste à l’Hôpital St Joseph de Paris, elle ne tenait pas à participer aux Interruptions Médicales de Grossesse (IMG). Elle a fait jouer sa clause de conscience. Par ailleurs, elle a suivi des cours de bioéthique à l’Institut politique Léon Harmel (IPLH) et obtenu un master 1, renforçant ainsi sa réflexion sur l’exercice juste et éthique de son métier d’infirmière au service de la personne. Or la maternité Bon Secours a rejoint l’Hôpital Saint Joseph. C’est une maternité de niveau 2+ avec un service de soins intensifs néonataux et … l’on y pratique environ deux IMG (interruption médicale de grossesse) par mois.
Laurence a d’ores et déjà prévenu sa surveillante qu’elle exercerait sa clause de conscience pour ne pas participer aux IMG. Elle avait par le passé démissionné de son précédent emploi, une clinique qui pratiquait l’euthanasie. Pour le moment, et à sa connaissance, elle est la seule parmi le personnel hospitalier de Saint Joseph concerné à avoir exprimé sa réserve sur la pratique de l’IMG. Laurence ne fait pas mystère de sa foi mais ne s’autorise aucun prosélytisme, soucieuse de ne pas blesser les personnes de son entourage sur ces sujets sensibles que sont les sujets d’actualité en bioéthique (diagnostic préimplantatoire, bébé-médicament etc…). Cependant, ses collègues viennent régulièrement lui demander son avis sur ces mêmes sujets, attirés sans doute par le charisme discret et volontaire de cette grande jeune femme brune.
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Depuis cet événement, Laurence Henry s’est lancé dans la préparation d’un doctorat de philosophie pratique à Paris-Est Marne-la-Vallée. Elle a écrit son premier livre (On ne peut imposer ça à personne – Handicap du nourrisson et euthanasie, Salvator, 2013) dans lequel en s’appuyant sur les témoignages des familles et sur des enquêtes publiées dans des revues de médecine, elle met en lumière les pratiques de certains services s’occupant de prématurés et dénonce des cas d’euthanasie. Les questions posées par ce livre sont très importantes. Face à un nouveau-né atteint d’un grave handicap, à sa difficulté de vivre une existence normale, les soignants doivent-ils prolonger la vie à tout prix ? Peut-on imposer à cet enfant, à la famille qui l’accueille, un tel poids de souffrance ? Pour autant, la question est-elle toujours aussi simple ? Telle est l’interrogation tout à la fois médicale et éthique que pose ici Laurence Henry. Votée en 2005, la loi Leonetti autorise en effet les limitations et arrêts de traitements sur proposition médicale, à la demande du patient ou quand celui-ci est mineur à la demande de ses parents. Pour certains actes, il est difficile de déterminer s’ils sont des soins ou bien des traitements comme c’est le cas de l’alimentation qualifiée d’artificielle. Au moment où plusieurs affaires volontairement médiatisées aboutissent à une mise en question de la loi Leonetti, ce livre revient sur la qualification de l’alimentation administrée artificiellement et aux raisons qui peuvent en motiver l’arrêt dans le cas de la réanimation néonatale. Le handicap semble être la raison principale de ses choix. Mais que faut-il en penser vraiment ? N’est-ce pas céder là discrètement à la tentation de l’euthanasie ou de l’eugénisme ? Les implications de ces décisions pour notre société sont donc déterminantes pour le visage que nous voulons donner à notre civilisation et sur le rôle dévolu à la médecine.