Marisol Touraine pour une supression des clauses de conscience

ELLE. Plus que le droit lui-même, n’est-ce pas l’accès à l’IVG qui pose problème aujourd’hui ?

Véronique Séhier. Pour que ce droit soit légitime, la loi doit s’appliquer partout. L’accès à l’IVG doit être rapide et de proximité sur tout le territoire. Des professionnels de santé doivent être formés et se consacrer à cet acte, l’accueil doit se faire sans jugement… Or, encore trop de professionnels invoquent la clause de conscience et refusent d’aider des femmes à avorter dans de bonnes conditions ou refusent de pratiquer des avortements entre dix et douze semaines.

Il est inadmissible de prendre des libertés avec ce droit. J’annoncerai à la mi-janvier, à l’occasion de l’anniversaire de la promulgation de la loi, un plan cohérent pour améliorer l’accès à l’IVG sur l’ensemble du territoire.

ELLE. Il reste deux héritages des arbitrages politiques de la loi Veil : le délai de réflexion de sept jours et la clause de conscience. Ira-t-on vers une suppression de ces mesures ?

Véronique Séhier. Afin de raccourcir le délai, le premier interlocuteur pourrait ne pas être le médecin, comme imposé par la loi, mais la première personne qui prend la femme en charge. Voire la femme elle-même. Pourquoi ne pourrait-elle pas auto-déclarer qu’elle souhaite avorter ?

Marisol Touraine. L’une des justifications du délai de réflexion est de s’assurer que la personne avorte de son propre choix et non sous la contrainte. Il ne faut pas l’oublier. Quant à la clause de conscience, il ne faut pas voir tout en gris. Nous avons de très bonnes équipes, très investies. Il me semble que l’exigence est plutôt de garantir un égal accès sur tout le territoire.

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