Pharmacien salariée, certains patients venaient à la pharmacie avec des ordonnances irrecevables : si je n’avais pas détecté les erreurs j’aurais commis une lourde faute professionnelle (ordonnances de substitution aux opiacés avec conjointement du Skenan, du Rivotril, du Valium etc…). Vigilante, j’ai toujours essayé de bien me tenir au courant de la réglementation et de m’en tenir à l’exercice de la profession dans les règles de l’art, ce qui m’amenait à devoir refuser certaines dispensations pour ne pas franchir la ligne rouge. Le fait d’être devenue conseiller ordinal m’avait en quelque sorte protégée car je pouvais expliquer qu’étant conseiller ordinal je ne pouvais pas faire n’importe quoi. Après je précisais qu’étant pharmacien, je ne pouvais également pas faire n’importe quoi. Ce qui est vrai dans notre profession.
La très grande majorité de mes confrères pharmaciens d’officine exercent leur métier avec compétence et bonne foi et je tiens à leur rendre hommage. La formation professionnelle continue est une bonne chose ; en voilà la preuve. Le patient dealer qui m’avait présenté l’ordonnance irrecevable savait qu’elle l’était (il me l’a dit par la suite) : nous avions donc d’un côté du comptoir un « patient » qui sait pertinemment qu’il n’est pas possible de délivrer et de l’autre côté un brave pharmacien qui doit être en mesure de confondre le patient. Par chance, j’ai pu détecter l’erreur. Un pharmacien de bonne foi s’il ne voit pas l’erreur peut délivrer une fois, deux fois, plusieurs fois des ordonnances « piégées » et le dealer sait qu’il « tient » ainsi le pharmacien naïf …. En droit, dispenser dans les règles de l’art (respect de la réglementation) est un acte pharmaceutique, dispenser hors réglementation (lors de la délivrance de stupéfiant ou de traitement de substitution aux opiacées etc.) est un acte de dealer. Le Ministère de la Santé et l’Ordre des Pharmaciens ont raison d’obliger à la formation professionnelle continue.
Même si le pharmacien fait preuve de pédagogie, il arrive que des patients toxicomanes prennent très mal le fait que nous ne puissions leur délivrer les traitements de substitutions aux opiacés. J’ai été obligée de faire deux mains courantes après menaces (vous imaginez le stress du pharmacien). A la même période, je vivais ainsi qu’une autre équipe officinale deux braquages en trois mois de temps et je découvrais que mes confrères officinaux sont malheurseusement de plus en plus victimes de tels ennuis.