Un ministre renonce à son poste en raison de ses convictions.

Lucinda Creighton, ministre irlandaise aux Affaires européennes et étoile montante de son parti, le Fine Gael, a préféré démissionner le 10 juillet dernier plutôt que de voter pour la loi sur l’avortement défendue par le gouvernement auquel elle participe. Cet acte est d’autant plus important que la jeune femme de 33 ans explique sa prise de position en faisant état de son droit à l’objection de conscience :

« Un consensus croît en Irlande selon lequel l’idée d’avoir un sens moral aurait quelque chose à voir avec l’Eglise catholique. On suppose automatiquement que si vous consultez votre conscience, vous êtes au fond en train de consulter Rome. Cela est profondément inquiétant. C’est une manière paresseuse de tenter de miner la valeur d’un argument sans aller jusqu’à s’attaquer à sa substance. Il ne s’agit pas ici d’un problème catholique, pas plus qu’il n’est protestant ou musulman. Il ne s’agit pas d’une question religieuse. Il s’agit d’un question de droits humains… Nous avons tous droit à l’objection de conscience. Elle est sacralisée par l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations unies.» (Propos rapportés par Michael Cook sur http://www.bioedge.org/index.php/bioethics/bioethics_article/10597#comments)

Après voir été parler au premier ministre Kenny pour s’expliquer, elle a déclaré :« Je ne ressens ni rancœur ni amertume, ni rien de tel. Je suis très triste, mais je souhaite tout ce qu’il y a a de mieux à Enda Kenny et à tout le gouvernement. Je suis très triste. J’aime vraiment mon travail. J’ai eu le très grand privilège d’accomplir mes fonctions et mes devoirs de ministre aux Affaires européennes au cours de ces deux dernières années et même un peu davantage, et c’est triste pour moi que cela soit fini. Mais je savais les conséquences lorsque j’ai voté. »

A un journaliste qui lui aurait parlé de compromis, sa réponse fut claire : « Eh bien, je pense que le compromis est essentielle à n’importe quelle coalition. Je pense que nous avons su trouver des compromis sur des questions économiques, la politique sociale, etc. Mais quand il s’agit d’une affaire de vie et de mort – et en tout cas pour moi ça l’est – je pense qu’il n’est pas vraiment possible de chercher un compromis. »

Son avenir politique est désormais incertain, puisqu’elle est exclue également du Fine Gael.

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