Témoignage : une étudiante refuse de prescrire des contraceptifs…

 

Une formation orientée

D’une manière générale, tous les cours ayant trait à la contraception et à l’IVG, en deuxième et troisième cycles d’études, sont uniquement abordés d’un point de vue médical. L’information délivrée se concentre sur les méthodes médicamenteuses ou instrumentales (hormones/stérilet = DIU/méthodes barrières/stérilisation). La seule consigne donnée dans notre rôle de prévention des IST est de recommander l’utilisation du préservatif. Il nous est aussi recommandé d’associer à toute prescription de « pilule » la prescription de « pilule du lendemain » en cas d’erreur de prise. Les méthodes naturelles sont simplement citées en précisant qu’elles sont inefficaces et d’un autre siècle. Les dimensions sociales, philosophiques, éthiques liées à ces questions ne sont pas traitées.  Le bien-fondé du recours à la contraception médicale est considéré comme acquis par tous et non discutable.

Avis défavorable de validation de stage

Au cours de mon stage dans un cabinet de huit médecins, alors que j’étais en 3ème semestre d’internat, j’ai exprimé à mes maîtres de stage mon souhait de ne pas prescrire de contraceptifs. Nous avons pu échanger autour de ce thème, leur réaction a été d’accueillir mon choix tout en m’expliquant que j’avais beaucoup de chemin à parcourir et qu’il fallait m’ouvrir sur le monde. Au cours des deux premières semaines de stage, avant que je leur fasse part de mon objection de conscience, ma médecin référente m’a dit que je pourrai effectuer des consultations seules très prochainement dans la mesure où c’était l’objectif de ce stage. Par la suite, il m’a été refusé d’effectuer des consultations seule, car « je n’en étais pas encore prête ». En fin de stage, j’ai reçu un avis défavorable à la validation de mon stage. Suite à quoi, l’un des médecins de la direction du département de médecine générale m’a rencontré en entretien individuel. Il m’a invité à réfléchir à une autre voie que la médecine générale en fonction de mes centres d’intérêts : psychiatrie, gériatrie, soins palliatifs. Il m’a demandé de rédiger une partie de mon mémoire de stage sur une consultation vécue autour de cette demande. Suite à ce mémoire, mon stage a été validé.

Refus de stage « SAS PAS »

Par la suite, me destinant à la médecine libérale, j’ai émis le souhait d’effectuer un stage « SAS PAS » (Stage Ambulatoire de Soins Primaires en Autonomie Supervisée), l’équivalent d’un remplacement en cabinet de ville supervisé. Deux semaines avant le choix du stage, le médecin responsable de la faculté me convoque à nouveau pour m’annoncer qu’étant donnée mon objection de conscience, un tel stage risquait d’être difficilement compatible avec les lieux de stage proposés. C’est alors qu’il décida que j’irai dans une structure administrative (la MDPH) où je ne serai pas confrontée à des demandes de contraception. Heureusement, il se trouve que le domaine du handicap m’intéresse et mon stage actuel à la maison départementale des personnes handicapées se passe bien. Seulement, je regrette la manière dont les choses se sont produites.

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