Margherita Ulysse est infirmière à l’hôpital de Pavie. Elle a trente-deux ans. A plusieurs reprises, elle tente de dissuader des jeunes femmes de prendre la pilule du lendemain alors qu’elles viennent en urgence à l’hôpital après un rapport. Elle est finalement dénoncée à la direction de l’hôpital et après moultes péripéties décide finalement de démissionner. Sa démission devait prendre effet début janvier 2015 mais l’infirmière demande à ce que l’hôpital revienne sur sa démission, ce qu’il refuse de faire.
Elle parle de son affaire et s’entretient avec le site italien www.nurse24.it. Nous vous livrons une traduction de cet entretien (http://www.nurse24.it/nego-la-pillola-si-va-tribunale-col-licenziamento/).
Vous vous retrouvez au centre d’une controverse. On a beaucoup parlé de votre histoire dans le journaux. Je considérais votre démission comme une défaite claire. Pourquoi avez-vous fait cela ?
J’ai choisi de démissionner afin de ne me compromettre ni avec ma conscience ni avec le pouvoir.
Quand j’ai lu le communiqué de presse de l’hôpital de Pavie, j’ai immédiatement soupçonné que la démission n’avait pas été aussi volontaire et qu’elle résultait de fortes pressions exercées.
J’ai subi effectivement des pressions dans le sens où l’hôpital a insisté sur le droit de la loi de la femme à avoir accès à la pilule. De mon côté, j’ai évoqué le droit de recourir à la clause de conscience (je pense notamment à l’article 8 de notre code d’éthique). Mes responsables n’ont rien voulu savoir et m’ont enlevé de force de mon poste (Margherita a été mutée ensuite dans un service de cardiologie).
Comment avez-vous été enlevé de force de votre poste ? Une forme de mobbing ?
Je crois que oui. J’ai été mise sur la sellette. On m’a dit : « Aimez tout le monde ou changez le département ». C’est une discrimination. Je ne pense pas qu’ils puissent récuser mon droit à la clause de conscience. Une infirmière doit être capable de faire valoir son droit à la clause de conscience sans risquer l’obstruction de la part de l’employeur […] Je crois que tout le monde sur terre pense comme moi mais tout cela n’est pas encore passé à l’état de conscience dans la conscience. La conscience qui est unique pour chaque être est cette voix intérieure (celle de Jiminy Cricket dans Pinocchio) qui se souvient de ce qui est bon ou mauvais »
Si la conscience n’est pas bien bien nourrie, elle peut être confuse. La conscience seule, est-ce suffisant ?
Même Hitler avait une conscience qui lui disait de ne pas tuer mais lui a décidé de faire le contraire. Plutôt que de confusion, je parlerais de contre-tendance. En fait, il s’agit de contre-conscience.