Le 14 et 15 décembre dernier, soixante-dix personnes environ se sont réunies pour deux jours de formation sur le thème de l’objection de conscience. Médecins, pharmaciens, sages-femmes, personnels soignants mais également maires, notaires et enseignants, tous se sont retrouvés pour confronter leurs expériences. Après avoir rappelé en introduction que l’objection de conscience ne relevait pas de la désobéissance mais de la fidélité à la vraie loi, la journée de samedi a été marquée par deux tables rondes, l’une qui réunissait les maires et à laquelle participait Franck Meyer (Président de l’association des Maires Pour l’Enfance), Xavier Lemoine (maire de Montfermeil) Bernard Piot et Benoît de Valous. Chacun a pu évoquer sa propre expérience : le traitement de la demande quand elle se présente, la nécessaire discussion en Conseil municipal pour sceller l’unité, les pressions de toutes parts et la peur qui à la longue sape la belle unité des débuts, l’impact de cette question sur les élections à venir en 2014. L’autre table ronde réunissait des professionnels de santé : de très jeunes femmes toutes déterminées à ne pas vouloir sacrifier leur conscience sur l’autel de la santé reproductive. Table ronde pleine d’espoir dans la mesure où elle montrait qu’en ne cédant pas au mensonge reproductif, cela permettait d’apporter la vérité au patient et dans certains cas une forme de libération : en faisant objection, les professionnels montrent finalement la voie vers une médecine « vraie » où il s’agit ni de cacher certaines réalités ni de donner des réponses toutes faites mais d’exercer son métier intégralement et dans la vérité. Véritable témoignage au service du bien commun !
Le problème de la démocratie est de faire cohabiter des droits opposés (la liberté de conscience d’un côté et le droit à la santé reproductive ou au mariage pour tous de l’autre) sans l’aide d’aucune boussole extérieure si ce n’est le rapport des forces en présence. Dans cette optique, Grégor Puppinck a souligné combien il était important que les cas d’atteinte à la liberté de conscience fassent l’objet d’un combat juridique à tous les niveaux et cela jusqu’à la Cour Européenne des droits de l’Homme. La démission évoquée par certains maires lors de la table ronde n’est donc pas la meilleure solution, ce qui militerait pour une résistance jusqu’au bout quand cela est possible. Evidemment, cela supposerait une prise en charge collective de cette résistance sous forme d’un soutien multiforme, humain, professionnel, financier et évidemment juridique. Le dimanche, outre les ateliers par profession (mises en situation, ateliers juridiques) les ateliers théoriques ont été l’occasion d’explorer les similitudes entre la situation à l’Est avant la chute du mur et celle qui règne aujourd’hui sur certaines professions. Dans les deux cas, l’enjeu est celui de la « vie dans la vérité » pour reprendre le terme de Vaclav Havel dans ses écrits politiques.
Après ces deux jours de grande intensité, tous souhaitent que cela puisse se refaire à fréquence régulière avec si c’est possible une démultiplication en province. Rendez-vous donc dans un an à Paris pour le prochain week-end national.
Quelques témoignages :
Aubert, enseignant : « La qualité des interventions, la bienveillance de tous, la diversité des assistants ont fait de cette formation une grande réussite. Je tiens donc à vous féliciter de ces beaux moments, qui, j’en suis sûr, marqueront pour chacun une étape importante dans le combat qu’il mène ».
Maelis, pharmacienne : « J’en suis ressortie confortée dans mes choix et soutenue dans mon affaire ».
Thierry, notaire : « Je voulais encore vous féliciter pour la qualité de ce WE. Mille mercis, nous sommes mon épouse et moi-même revenus gonflés à bloc ».
Jacques, notaire : « Ce dernier WE sur l’objection de conscience, qui a été très intéressant, a rechargé nos batteries ».
Bruno : « Merci pour ce colloque. J’y ai rencontré des gens admirablement courageux »
Carine, médecin : « j’ai eu E. (interne) au téléphone, sa première semaine en gynécologie s’est bien passée, sa cadre sage-femme a bien accueilli sa clause de conscience pour la contraception et elle a commencé son premier jour avec deux patientes fortement intéressées par les méthodes naturelles. (merci aux intercesseurs !) Le sentiment de libération exprimé par J. l’a beaucoup marqué et le week end l’a renforcée dans son désir de « tenir bon » ».
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=8NDzb1CPw8Y