Entretien avec Mathias Ebert, fondateur du mouvement allemand « Besorgte Eltern »

Mathias

En Allemagne, la vigilance est également de mise sur les sujets éducatifs. Il faut savoir que chaque Land bénéficie d’une certaine autonomie dans les sujets éducatifs. Les parents Outre Rhin s’inquiètent à la fois de l’intrusion de l’éducation sexuelle dès le primaire mais également comme en France de la mise en place de programmes visant à instiller l’idéologie du gender dans les cerveaux. Le mouvement est parti de Cologne(1) où Mathias Ebert a fondé le mouvement « Besorgte Eltern » qui est à l’origine de la manifesfation de janvier à Cologne. Il répond ici à nos questions.

Comment avez-vous créé l’initiative „Besorgte Eltern“ ?

En Août de l’année dernière, mon ami Eugen Martens a été arrêté parce que sa fille avait manqué deux leçons d’éducation sexuelle à l’école primaire. Sa femme Louise qui était assez avancée dans sa grossesse a été épargnée dans un premier temps mais on lui expliqua qu’elle devrait purger sa peine de prison après la naissance début 2014. Cela lui a été redit récemment et comme Louise a mis au monde son neuvième enfant elle devrait être bientôt arrêtée. Quand j’ai appris cela, j’ai pris conscience combien la justice allemande avait été injuste. D’un côté on laisse courir les fraudeurs qui ont détourné des millions au fisc et on ne se hâte pas d’enfermer des criminels s’ils ne sont pas récidivistes. Alors pourquoi s’acharner sur des parents de neuf enfants ? Avec eux on peut se permettre et chez nous Outre Rhin on ne s’est bien souvent pas gêné. Malheureusement les médias de masse se taisent et c’est ainsi que j’ai fondé « Besorgte Eltern » pour pousser les gens à manifester et à se lever contre ce système.

Les contenus de l’éducation sexuelle en Allemagne sont tout simplement pervers et ils ont été introduits en catimini dans les écoles. Les parents n’osent pas faire quelque chose parce que sur ce sujet les médias ne sont pas de leur côté. Cela ne peut pas rester ainsi et si nous n’arrêtons pas le mouvement maintenant, toute l’Union Européenne sera touchée.  Les autres pays ne resteront pas en dehors du jeu, c’est sûr. Il nous faut créer un réseau international qui défende les valeurs de la famille et qui arrête ce mouvement. La France sous ce rapport est sur la bonne voie.

La mise en place de cours d’éducation sexuelle à l’école primaire ne concerne-t-elle que la Rhénanie Westphalie ou d’autres provinces sont-elles également touchées ?

Non, malheureusement toutes les provinces sont touchées. Certaines fortement, d’autres moins : à Stuttgart par exemple le « Bildungsplan 2015 »[1] (programme pédagogique) doit être introduit et cela a bouleversé les gens. Ici, en Rhénanie Westphalie, de nombreux parents ont été arrêtés (jusqu’à 40 jours) et ont dû purger des peines en prison. C’est d’autant plus grave que c’est un moyen d’intimider les familles. Pourquoi regarder de manière indignée vers l’Ukraine ou la Russie alors qu’il nous faudrait commencer à balayer devant notre porte. Ici, chez nous, en Allemagne, pays prétendument libre, nous avons affaire à une dictature brutale et il faut que les gens comprennent cela. Comment peut-on qualifier les choses autrement quand on montre des choses aussi perverses aux petits enfants (à partir de jardin d’enfants) et que les parents sont enfermés s’ils veulent laisser la liberté à leurs enfants de quitter le cours ?

J’ai commencé le combat en Rhénanie Westphalie lors de la manifestation de Cologne mais depuis  de nombreuses autres villes ont commencé à bouger. Il y a déjà eu deux manifestations à Stuttgart et jusqu’à l’été il devrait y avoir pas moins de six manifestations dans toute l’Allemagne. Il est important que nous existions et que nous parlions d’une seule voix. Le projet est donc très clair : il s’agit de construire un réseau !

Que conseillez-vous aux parents qui refusent que leurs enfants assistent aux cours d’éducation sexuelle ?

Eh bien, c’est une bonne question à laquelle il est difficile de répondre. J’admire les familles comme les Martens qui ne paient pas l’amende et qui se mettent en travers pour que la chose soit connue. Mais je peux aussi comprendre les parents qui préfèrent payer l’amende pour ne pas avoir de problèmes. Le fait est que plus cette histoire nous donne la possibilité de grandir, plus le futur devient étroit. Peu importe comment on agit : que l’enfant quitte le cours ou non, que les parents soient menacés ou pas… il est important de ne pas se taire. Répandez l’information, démarrez les manifestations, faites les connaître car ce mouvement ne vit que du fait que personne ne soit laissé de côté. Nous devons appeler dans les rues et informer tous les gens que l’on veut détruire les valeurs fondamentales la famille et pureté enfantine.

Vous avez organisé une manifestation réussie à Cologne. Quels sont vos plans pour l’avenir ?

Des manifestations, toujours des manifestations… jusqu’à ce que tout le pays le sache et se lève. Et en plus de cela des réseaux et encore des réseaux. Car ce n’est qu’ensemble que nous pourrons faire bouger les choses et lutter contre ce mouvement qui part de l’Union Européenne. Nous ne pouvons pas permettre qu’il soit évident que des parents soient jetés en prison alors qu’ils ont agi pour le bien de leurs enfants.

(1) A noter qu’à Stuttgart s’est créé une version allemande de la Manif pour tous intitulée « Demo für Alles ».

 



[1] Ce programme prévoit la mise en place d’un enseignement visant à propager l’idéologie du genre et l’acceptation de l’homosexualité sous couvert d’éducation à la tolérance et à la pluralité sexuelle.

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Publié dans : Entretiens, Europe