Un sénateur italien : pas d’objection au nom des principes démocratiques

Intéressant cet article publié par un sénateur italien Giorgio Pagliari. Alors que le débat sur la mise en place d’unions homosexuelles fait rage en Italie et alors que les évêques italiens appellent les hommes politiques à l’objection de conscience, ce sénateur catholique explique qu’il ne faut pas faire objection. Les arguments sont intéressants car il s’agit toujours de faire une césure entre les convictions personnelles et le devoir qui est celui de l’homme politique.  Dans son cas personnel, on peut malgré tout se demander s’il y a une véritable schizophrénie entre l’homme privé et l’homme public. Certes il ne se marierait pas avec un autre homme mais il considère que la logique des droits  est celle qui doit prévaloir en politique et à ce titre il faut être prêt à tout accepter : aujourd’hui le pseudo-mariage, demain le mariage à trois et le surlendemain le mariage avec des animaux… Le ralliement est complet : l’homme se réduit à sa fonction politique (il n’est plus qu’un rouage sans réflexion de la grande machine des droits) et de ce fait il n’est plus qu’un observateur empathique de la déliquescence en mouvement…
« Certains évêques ont récemment adressé des appels aux catholiques engagés en politique pour faire objection de conscience sur la reconnaissance des unions homosexuelles. En tant que politicien habitué à faire face, je me sens obligé de répondre à cet appel par cette réflexion. Je dois dire qu’un catholique impliqué dans le Parlement ne peut faire objection de conscience sur ces questions. Personnellement, je pense que cela peut être fait seulement en cas de violation des principes constitutionnels et non pas en cas de conflit avec ses propres croyances religieuses. Parce que, sinon, on risquerait de tomber dans la logique de l’Etat éthique.

Une des phrases les plus emblématiques du pape François est, pour moi celle qui dit plus ou moins : « Qui suis-je pour juger ? ». […]

Pour moi, en tant que citoyen et en tant que parlementaire, la seule référence est la constitution qui règle les droits de la personne. Comment puis-je, à la lumière des articles 2 (« La République reconnaît et garantit les droits inviolables de l’homme, en tant qu’individu et dans les groupes sociaux où il exprime sa personnalité … ») et 3 (« Tous les citoyens ont le statut social égal et sont égaux devant la loi, sans distinction de sexe, de race, de langue, de religion, d’opinion politique, personnelle et les conditions sociales … « ) de la Constitution, antérieure à mes croyances personnelles de nature religieuse, penser à imposer à la société une certaine vision religieuse ?

En tant que catholique, je ressens le devoir de témoigner dans la vie quotidienne, mes croyances et ma vision religieuse de la vie. Mais je ne peux prétendre les imposer à tous, même à ceux qui sont athées, agnostiques ou qui ont une autre foi. Parce que la liberté de la personne est constitutionnellement sacrée. Et de ce fait je dois reconnaître le droit à l’amour et sa formalisation à la fois à ceux qui vivent «mari et femme» ou ceux qui vivent une relation amoureuse de nature homosexuelle ».

Publié dans : Edito